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La revue des Folies Bergère de 1927 a fait sensation. Elle est restée dans les mémoires avec le numéro de Joséphine Baker vêtue d’une ceinture de bananes.
Intitulée Un vent de folie, la représentation voit défiler 50 tableaux en deux actes. Le spectacle débute à 20h30. Parmi les têtes d’affiche destinées à attirer le public, au premier acte, on trouve “le pompier qui prend feu”, “la galère de Cléopâtre” ou encore “le combat naval”, tandis que “le temple égyptien” prend place au second acte de 23h10 à 23h15 avant “la mosquée” et “la Pagode”, la revue se conclut par le tableau “Paris en folie” à 23h30.

Présentant dès 1874 un ballet de danseurs espagnols et en 1886 la première revue créée en France, Place au jeûne, les Folies Bergère se positionne comme le doyen des music-halls parisiens. Ambitieux, le théâtre se dote d’une programmation enchaînant les numéros d’une grande diversité avec une prédilection pour les danses, se dote de programmes imprimés et fait paraître des annonces dans la presse…
Misant sur le spectaculaire, le merveilleux et l’originalité, la revue joue de l’origine étrangère de la plupart des artistes qui s’y produisent. Après la Première Guerre mondiale et la victoire des alliés, la présence des dancing girls formées à la danse, l’acrobatie et la culture physique, importée d’Angleterre, se renforce comme le souligne Nathalie Coutelet.1
Dans les années 1920, Madame Komarova a sa troupe, le “ballet Komarova” et produit ses numéros dans les divers music-halls parisiens. Le temple égyptien est ici immortalisé par le photographe d’origine polonaise Stanislaw Julian Ignacy Waléry. Ce dernier complétait ses revenus en réalisant les prises de vues de portraits et de tableaux, certains destinés à être dédicacés par les artistes.
Le temple est résumé au décor d’une porte monumentale de style égyptomaniaque avec jambages présentant une forme caractéristique supportant une corniche à gorge. Il est surmonté de deux figures de danseuses posant les mains croisées sur la poitrine à la manière des momies ou des piliers osiriaques, sur fond de deux obélisques. Cet empilement qui pourrait paraître fantaisiste est pourtant plausible selon les lois de l’aspectivité égyptienne, où des réalités se succédant spatialement sont représentées sur un même plan grâce à une convention de perspective rabattue .2
Au centre de la porte-niche, une danseuse figure la statue divine dans son naos, tandis que le trio acrobatique semble hisser un cercle tel un énorme soleil jaillissant dans la perspective du temple entre les deux obélisques. La scène est flanquée de danseuses légèrement couvertes de capes ailées, lointaine évocation des silhouettes de reines drapées dans des ailes ou les déesses aux ailes déployées encadrant une figure, en attitude protectrice.
L’Antiquité inspira d’autres représentations sensationnelles de revues. Parmi celles qui connurent un grand succès, “la danse de la pomme” à Montparnasse mettait en scène Maria Desty en Vénus et le ballet Komarova. Elle s’inspirait du Jugement de Pâris devant départager Minerve, Junon et Vénus. Vénus, élue la plus belle, s’y voyait remettre une énorme pomme rouge avec laquelle Maria Desty nue se lançait dans une danse fascinante.3
- Étranges Artistes Sur la Scène des Folies-Bergère. Presses universitaires de Vincennes, 2015, en ligne sur Cairn. [↩]
- Voir les articles de Christophe Barbotin et de Dominique Farout dans Pallas 105. [↩]
- “The Revue Folies Bergère“, Jazz Age Club, 0/07/2010. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Vanessa Desclaux (1 mai 2025). La danse du temple égyptien. L’Antiquité à la BnF. Consulté le 16 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13uu5