Le projet quadriennal Archinumis (Archives et histoires des collections numismatiques) 2024-2027

Le projet quadriennal 2024-2027 Archinumis (Archives et histoires des collections numismatiques) participe de l’effort engagé par la BnF pour retracer son histoire et celle de ses collections. Ses objectifs sont la reconstitution de l’histoire de la constitution des collections : origine géographique, éventuellement contexte historique voire archéologique de leur découverte, réseaux savants impliqués, etc. Il permettra également l’identification dans les collections des trésors monétaires ou des fractions de trésors qui ne sont actuellement pas signalés dans les tiroirs et sont donc méconnus. Le catalogage sera valorisé dans la Base archives et manuscrits (BAM) de la BnF par une numérisation massive des archives. Il permettra le signalement dans le Catalogue Général des monnaies appartenant à des trésors par la création de notices d’ensembles pour les fonds numérisés ainsi que la création de notices descriptives dans la base de données Trouvailles monétaires dédiée aux trésors monétaires et qui sera mise en ligne début 2025 par la BnF. Enfin, cet article est également l’occasion d’exposer un exemple concret mis au jour durant la première année du projet : la découverte à coups de canons de monnaies et objets encore aujourd’hui dans la collection du département. 

I.                   Le projet quadriennal de la BnF : Archives et histoires des collections numismatiques

Institution pluriséculaire de référence pour la numismatique, le département des Monnaies, médailles et antiques (MMA) de la BnF conserve une des collections de monnaies, de médailles et de jetons les plus importantes au monde. Les séries aujourd’hui conservées sont le fruit de plusieurs siècles d’acquisitions, avec pour ambition de conserver pour chaque type monétaire un exemplaire, le meilleur possible (figure 1).

Fig. 1 : exposition des monnaies issues de la collection de Louis XIV dans le musée de la BnF provenant majoritairement des « doubles ». Cliché de l’auteur.

Cette logique de sélection typologique eut pour résultat l’omission presque complète de la provenance des exemplaires acquis. Or, nous le savons, la plupart des monnaies ont été exhumées, généralement au sein de trésors. Ces ensembles – qui peuvent être aussi bien le pécule d’un modeste particulier que l’encaisse d’une garnison – revêtent pour le numismate, mais aussi pour l’archéologue et l’historien une importance capitale pour la compréhension des sociétés anciennes. Ces informations, lieu de découverte, description même succincte de l’ensemble, sont aujourd’hui d’autant plus précieuses que le pillage archéologique, et plus particulièrement le développement de l’usage des détecteurs de métaux, cause la mise au jour de très grandes quantités de monnaies sans le moindre contexte. Cet afflux de matériel archéologique illicite va par ailleurs de pair avec un intérêt croissant (et souvent très médiatisé) pour la provenance des collections des grandes institutions européennes et américaines.

Or, dans ce contexte, la BnF possède parallèlement à ses collections d’objets un atout majeur : un remarquable ensemble d’archives composé de registres, de correspondances, notes, etc., qui sont autant de documents pouvant permettre une remise en contexte, même partielle, d’une partie importante des séries numismatiques qu’elle conserve (Figure 2). En reconnectant les objets à cette documentation, le projet Archinumis ambitionne d’abord de reconnaître ces ensembles, de collecter les informations disponibles quant à leur découverte et de les recomposer tels qu’ils furent acquis avant d’être ventilés chronologiquement ou géographiquement dans les médailliers. Cet essai de recontextualisation aura par ailleurs l’intérêt de replacer la BnF au sein du réseau des marchands, savants, explorateurs, voyageurs ou diplomates qui durant des siècles a permis l’accroissement des collections de la Bibliothèque, mais aussi des autres institutions similaires en France, en Europe et dans le monde. Aussi, ce projet permettra à la fois de mettre à disposition de la communauté savante de nouvelles informations susceptibles d’alimenter les travaux de recherche, mais aussi de recomposer pour partie un écosystème d’envergure mondiale auquel la BnF a largement, et continue de contribuer.  

Fig. 2 : Archives du département des Monnaies, médailles et antiques de la BnF. Cliché de l’auteur

II.                 Description du projet et livrable

II.a Preuve de concept 

Ce type de recherches confrontant archives, collections, inventaires et registres a déjà permis de réattribuer un lieu de découverte et de réassembler certains trésors monétaires. Ainsi, durant ces dernières années, un premier pas dans cette direction a pu être effectué en réattribuant 4000 monnaies grecques de la collection de la BnF à 96 trésors référencés dans l’Inventory of Greek Coin Hoards (IGCH) et intégrés dans le portail en ligne Coin Hoards (CH), élaboré par l’American Numismatic Society. Ce travail de confrontation des sources (archives, inventaires, catalogues de vente et bases en ligne) a permis la publication de plusieurs articles sur ce qu’on appelle parfois l’archéologie de papier : un article dans le carnet L’Antiquité à la BnF et un article scientifique1. Un autre travail de recherche effectué par Jérémie Chameroy et Pierre-Marie Guillard2 démontre l’intérêt de ce genre d’études. En effet, les auteurs ont pu reconstituer des trésors monétaires à partir des inventaires, des archives et des collections de différentes collections publiques, dont la BnF. Ces premiers tests sont une véritable réussite et ces premiers travaux devront être complétés et appliqués systématiquement aux collections en prenant en compte les nombreuses archives du département des Monnaies, médailles et antiques et du département des Manuscrits encore peu ou pas décrites dans la base Archives et Manuscrits.  Afin que le projet puisse avancer au mieux, la BnF finance en 2025 une vacation d’un an au jeune chercheur Kévin Charrier sur les différentes missions de catalogages, d’intégration de données et de publications. 

II.b Sources

Registres d’inventaire

Les différents registres d’inventaires des monnaies actuellement numérisés et accessibles sur BAM permettent déjà de connaître les dons, legs, acquisitions et échanges des monnaies de la collection. Actuellement, 164 registres d’inventaire sont accessibles sur BAM comprenant les registres du XVIIe siècle à nos jours par date d’inventaire ou par nom pour les grandes collections privées achetées ou données. L’ensemble de ces registres ont été convertis sous tableur Excel dans le cadre d’une contribution au projet NUMISMATES, autre partenariat BnF, mais il se limite actuellement à la cote et à un renvoi à la page de l’inventaire numérisé. Le catalogage des archives et son indexation permettront de lier plus aisément les numéros d’inventaire aux archives et il sera possible de rattacher l’ensemble de ces données à la monnaie dans la collection et à sa notice dans le catalogue général.

Archives

Les archives des collections monétaires ou ACM (Figure 3) représentent 81 mètres linéaires (Ml). Leur taille et leur accessibilité sont résumées dans le tableau ci-dessous (Figure 4). Les archives directement liées à l’étude ou la création des collections numismatiques seront prioritairement traitées pour le catalogage, la numérisation et l’accessibilité sur BAM. Elles sont en gris dans le tableau. Les ACM comprennent les archives administratives, les archives de recherches et de photographies de la collection et des études ainsi que les archives des expositions et de la restauration. Le catalogage se limite pour la majorité des archives à une présentation succincte par boîte et des documents principaux parfois. Certains documents sont déjà accessibles dans différents dossiers sur BAM, en ce qui concerne les archives administratives anciennes et récentes. La description complète des archives et leur numérisation pourront ainsi compléter les informations dans BAM et faciliter le travail des chercheurs.

Fig. 3 : exemple de documents dans un dossier de la boîte d’archives ACM25 (1915-1919)

 

Le département des Manuscrits possède également 1 Ml d’archives concernant les collections numismatiques des MMA. Il est prévu d’effectuer un catalogage de ces archives également en collaboration avec le département des Manuscrits.

ACM

Précisions

Ml

Période

BAM

Numérisation

Catalogage

1 à 128

Archives administratives classées chronologiquement

30 Ml mais 52 Ml à plat

1664-2008

Présentation par boîte et de documents principaux

Numérisation des ACM 1-24 : 1664-1914

Partiellement fait

1 SUP 1 à 35

Archives administratives n’ayant pu entrer dans le classement chronologique

5 Ml mais 10 Ml à plat

1815-1981

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

2 SUP 1 à 30

Archives des expositions

4 Ml mais 8 Ml à plat

1923-1997

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

3 SUP 1 à 22

Archives de la Commission internationale de numismatique

4,5 Ml mais 9 Ml à plat

1953-2006

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

4 SUP 1 à 2

Dossiers administratifs du personnel du Cabinet des médailles

0,7

1843-1888

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

5 SUP 1 à 27

Fichiers des médailles du département

5,5 Ml mais 8,25 Ml à plat

1848

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

6 SUP 1 à 2

Archives de la restauration des objets du Cabinet des médailles

0,7

 

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

7 SUP 1 à 3

Archives des acquisitions patrimoniales du Cabinet des médailles

1

 

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

8 SUP 1 à 3

Monnaies de fouilles, trésors et divers

1

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

9 SUP 1 à 42

Trésors antiques

7

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

dépouillés

10 SUP 1 à 8

Lettres échanges monnaies de fouilles

0,5 Ml mais 4 Ml à plat

1994-2010

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

11 SUP 1 à 13

Trésors médiévaux et modernes (Duplessy)

1,5

XXe s.

Présentation par boîte

Non

dépouillés

12 SUP 1 à 18

Fiches monnaies Amandry

1

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

13 SUP 1 à 20

Inventaires médailliers de musées (Fonds d’Epézel)

1 Ml mais 4 Ml à plat

 

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

14 SUP 1 à 29

Inventaires médailliers de musées

3,5

 

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

15 SUP 1 à 9

Trésors médiévaux et modernes

3,5

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

dépouillés

1 Fi 1 à 10

Dessins d’objets

1

XIXe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

2Fi 1 à 351

Cartes et planches d’objets

4 Ml mais 40 Ml à plat

XVIIIe s. – XIXe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

3 Fi 1 à 104

Plaque et photo de sites, d’objets et de quelques monnaies

2,5 Ml mais 10 Ml à plat

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

4 Fi 1 à 34

Photo des trésors monétaires

2,5

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

5 Fi 1 à 7

Photo des dépôts monétaires étudiés

0,5

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

6 Fi 1 à 10

Photo monnaies de fouilles et trésors

0,4

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

7 Fi 1 à 10

Photos des musées de province

0,6

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

8 Fi 1 à 4

Photo de trésors

1,2 Ml mais 2,4 Ml à plat

XXe s. – XXIe s.

Présentation par boîte

Non

Non dépouillé

Archives MSS (473-479)

Inventaires manuscrits de trésors et de monnaies

1

XIXe s.

Présentation par boîte

Non

Partiellement fait

APM

Archives personnelles des MMA

91

 

Présentation par boîte

Non

Partiellement fait

Fig. 4 : récapitulatif des archives des MMA et leur avancée dans la mise en ligne sur BAM, la numérisation et le catalogage ; en gris, les archives à traiter prioritairement.

Dans le cas où les ACM sont traités suffisamment rapidement, il sera possible en option de commencer le catalogage des archives privées (APM) qui comptent 91 mètres linéaires. Elles concernent les études, les acquisitions, les échanges épistolaires entre les érudits locaux et les chargés des collections de la BnF. Ils sont également décrits succinctement dans BAM et sont donc autant d’archives inédites à dépouiller, à traiter et à numériser.

II.c Infrastructures

Une description succincte des archives est donnée dans BAM, mais seuls les registres d’inventaire et quelques archives sont numérisés. Le catalogage et la mise en ligne sur BAM permettront de faciliter l’accès des chercheurs à celles-ci (Figure 5).

Fig. 5 : exemple de description par document d’un dossier d’archives  ACM25 (1915-1919)

Actuellement, le Catalogue Général contient les données de plus de 255 000 monnaies et médailles numérisées. Néanmoins, les descriptions ne concernent dans leur grande majorité que le métal, la masse, l’atelier et l’émetteur. L’absence de contexte historique demeure le cas majoritaire. Il sera possible de rajouter au Catalogue Général les trésors monétaires reconstitués lors de ces recherches en effectuant une notice d’ensemble par trésor afin de simplifier le travail des chercheurs. Ces notices seront basées sur les notices trésors déjà existantes comme celle du trésor de la Jeanne-Elisabeth. Les monnaies du trésor (figure 6) pourront alors renvoyer à la notice globale du trésor comme pour le trésor de la Jeanne-Elisabeth.

Figure 6 : Trésor de la Jeanne-Elisabeth (1755), Espagne, 4 réaux. BnF, MMA, JE-4-1407 © BnF/Gallica

 

En collaboration avec la cellule archives du département des MMA (Emmanuel Kreis et Blandine Chiraux), le catalogage complet des ACM permettra l’intégration de nouvelles données dans la base de données Trouvailles monétaires qui sera en ligne début 2025 dans le cadre du plan quadriennal « Trouvailles monétaires ».

III.              Positionnement du projet par rapport à la politique scientifique de la BnF et situation sur le plan national, européen et international

Ce projet s’inscrit dans les objectifs du Comité d’histoire de la BnF. Il favorise les recherches sur les collections et leur histoire et par conséquent leurs archives. Le projet proposé contribuerait également à faire connaître aux chercheurs l’histoire de la BnF. Dans les années 2000, Thierry Sarmant a effectué des recherches approfondies sur les fonds d’archives du département des MMA qui ont abouti sur un mémoire d’étude3, un article4 et un état général des fonds5. Dernièrement ; Vincent Drost a également publié un article dans la Revue Numismatique de 2021 sur les trésors monétaires redécouverts dans les archives grâce aux signalements effectués auprès de la BnF au XIXe siècle6.

Ce travail coïncide également avec l’intérêt actuel pour l’identification des provenances des collections muséales. Des programmes de recherche de l’INHA sont dédiés à ces questions que ce soit sur les ventes d’Antiques ou sur le marché de l’art durant la Seconde Guerre mondiale. Le projet proposé ici s’insère également dans cette problématique forte du Campus Richelieu.

Par ailleurs, il s’inscrit dans un environnement international dynamique auquel les MMA ont participé comme le Digital Muret. Seule l’American Numismatic Society (New York) fournit actuellement un accès complet à ses archives grâce à un outil exemplaire qui les met en relation avec les objets et les trésors. Il permet un accès à des autorités liées entre elles : monnaie, trésor, collectionneur, pedigree… et propose d’autres entrées pour chaque autorité liée. Ce système est très intuitif et permet un accès aux données rapide et facilité en proposant même un accès à d’autres données qui pourraient potentiellement intéresser les chercheurs. Le British Museum s’applique, quant à lui, à indiquer l’ensemble des connaissances sur l’histoire de chaque objet dans sa fiche publique. Durant ces quinze dernières années de nombreuses publications ont vu le jour et montre l’intérêt croissant de ce type de projets : par une meilleure connaissance d’une collection d’un musée par le biais des archives7, par l’apport de données sur des collections et collectionneurs connues que par les archives8, ou encore par l’intégration des archives dans le cadre de la description de collections numismatiques9.  

En parallèle, plusieurs projets internationaux sont en cours sur des sujets similaires. Par exemple, le projet international Fontes Inediti Numismaticae Antiquae (FINA) se situe dans cette vision d’étude des archives en reprenant l’ensemble des données non imprimées, non publiées d’avant 1800 concernant les études numismatiques et la création des collections. La redécouverte des grands numismates et des collections à partir des archives est également l’un des objectifs du projet Numismates.

IV.              Valorisation

Les retombées potentielles du programme sont nombreuses. Le catalogage de l’ensemble des archives permettra des interfaces numériques et un accès facilité et direct de l’ensemble des archives numismatiques du département des MMA à travers BAM en liant les notices des monnaies aux archives numérisées. La création de notices d’ensembles pour les trésors monétaires dans le catalogue général et l’intégration d’informations complémentaires sur les notices des monnaies dans le catalogue général simplifieront grandement l’accès aux collections pour les chercheurs. L’ensemble des données des trésors monétaires seront également intégrés dans la base Trouvailles monétaires hébergée par la BnF ce qui permettra de donner un accès direct au public. Enfin, des collaborations avec des musées peuvent être envisagées pour valoriser les monnaies issues des mêmes trésors que celles des collections de la BnF.

La problématique des archives et des contextes des monnaies pourra se faire également durant les prochains cours publics d’archéologie des MMA. La communication auprès du grand public pourra se faire dans le cadre d’événements nationaux (Journées européennes du patrimoine, Journées de l’archéologie), ou encore de publications en ligne comme ce premier billet de blog consacré à ce projet.

V.                Un exemple concret

Cette première année test a débuté avec le catalogage des archives administratives des années 1915-1919. Elle est fructueuse en informations, car durant la Grande Guerre de nombreuses découvertes archéologiques ont eu lieu sur le champ de bataille. C’est par ce biais que furent intégrés dans les collections du Cabinet des Médailles un statère de Maronée, trois intailles/sceaux et une ronde-bosse. Cet article est ainsi l’occasion de présenter les diverses informations existantes pour ces objets en reprenant leur historique antéchronologiquement. En effet, aujourd’hui, le statère (figure 7) qui a été numérisé est consultable sur Gallica. Néanmoins, les informations de la notice sont limitées au type de la monnaie et il n’y a rien sur le contexte de découverte ou d’achat.

Fig. 7 : statère, argent, Maronée, Thrace, VIIe siècle avant J.-C. – IIIe siècle après J.-C., 12,20 g. BnF, MMA, N 4744 (3-25-2)<3>© BnF/Gallica

Un article (figure 8) écrit par le conservateur en chef du Cabinet dans la Revue Numismatique de 1920 sur les acquisitions du département pendant la Grande Guerre indique, quant à lui, l’arrivée de ce statère/tétradrachme sans plus d’information sur son contexte (E. Babelon, « Le Cabinet des Médailles pendant la guerre II », Revue Numismatique, 1920, p. 105-109 et pl. VI).

Fig. 8 : extrait de l’article d’Ernest Babelon. © BnF/Gallica

Un retour sur l’inventaire N de 1911-1918 accessible sur BAM permet de déjà mieux contextualiser cet achat du 16 décembre 1918 auprès de Monsieur Dosseur représentant de Monsieur Tuaillon en indiquant que les objets provenaient du camp retranché grec de Salonique (figure 9).

Fig. 9 : extrait de l’inventaire N 1911-1918 © BnF/Gallica

Le dépouillement des archives (figure 10) a permis d’apporter un supplément d’informations sur les autres objets inventoriés 4745 (figure 11), 4746 (figure 12) et 4747 dans l’inventaire (figure 9) et numérotés 2, 3 et 4 dans les archives ACM 25 dossier 17 « Acquisition de 1916 ». En effet, ceux-ci (intailles/sceaux et ronde-bosse) semblent provenir d’un même tombeau ouvert par un canon dans la zone anglaise. L’intaille gréco-romaine (figure 13) no d’inventaire 4748 et le statère ont été découverts à part.

Fig. 10 : document d’archives ACM 25-17-5 sur les acquisitions du département de 1916. BnF, MMA, archives.

 

Fig. 11 : sceau sassanide, cerf agenouillé ? BnF, MMA, Inventaire général N 4745 © Mathilde Avisseau-Broustet

Fig. 12 : Sceau hétéen-hittite ? BnF, MMA, inventaire général N 4746 © Mathilde Avisseau-Broustet

Fig.13 : intaille gréco-romaine représentant une amphore. BnF, MMA, inventaire général N 4748 © Mathilde Avisseau-Broustet

Cet exemple issu du dépouillement des archives montre ici tout l’intérêt du projet qui permet de contextualiser les objets et de réunir des ensembles. Ces informations sont primordiales pour l’identification, la datation et une meilleure compréhension des collections du département des MMA.

Image en tête d’article : exemple de documents dans un dossier de la boîte d’archives ACM25 (1915-1919)

  1. J. Olivier, « Le trésor du canal de Suez 1860 IGCH 1693 ; EH 177. Une archéologie de papiers », Mélanges O. Picard, 2023, p. 230-241 []
  2. Jérémie Chameroy, Pierre-Marie Guihard, « Fragments de trésors monétaires celtiques de la collection de Saulcy au Römisch-Germanisches Zentralmuseum (Mayence) », Detur dignissimo. Studies in honor of Johan van Heesch, Cercle d’études numismatiques, p. 147-162, 2020 []
  3. Thierry Sarmant : Le Cabinet des médailles de la bibliothèque nationale, 1661-1848, Paris, École des Chartes, 1994 ; ibid., La République des médailles : numismates et collections numismatiques à Paris du Grand Siècle au siècle des Lumières, Paris, Champion, 2003 ; Jean Guillemain, Un cas particulier d’archives privées : les papiers des numismates. Diplôme de conservateur de bibliothèque, Mémoire d’études, 2003 ; Felicity Bodenstein, Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de 1848 à 1917, 2006. Mémoire de Master 2, Université de Paris IV-Sorbonne []
  4. Th. Sarmant, « De papier et de métal : les archives du Département des monnaies, médailles et antiques », Revue de la BnF 2009/1, n°31, p. 43-51 []
  5. État général des fonds d’archives du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, par Aurélie Lavillonnière, sous la direction de Thierry Sarmant, 2008 []
  6. V. Drost, « Des érudits du XIXe siècle à Adrien Blanchet : la genèse des études de trésors monétaires en France », Revue numismatique, 2021, 178e volume, p. 411-441 []
  7. Woytek, Bernhard; Williams, Daniela (Hrsg.), Ars Critica Numaria. Joseph Eckhel (1737-1798) and the Transformation of Ancient Numismatics, in Reihe : Veröffentlichungen zur Numismatik 66; Denkschriften der phil.-hist. Klasse 541, 2022, Vienna: Austrian Academy of Sciences Press []
  8. Rambach H., «  Pierre Boudon, un collectionneur numismate nîmois méconnu du XVIIIème siècle », Bulletin du Cercle d’Études Numismatiques, 2023, 60 (1), p. 22-29 []
  9. Gruber, E. , « Encoded Archival Description for Numismatic Collections », in: Frischer, B., J. Webb Crawford and D. Koller (eds.) Making History Interactive. Computer Applications and Quantitative Methods in Archaeology (CAA), Proceedings of the 37th International Conference, Williamsburg, Virginia, United States of America, March 22-26 (BAR International Series S2079). 2010, Archaeopress, Oxford, p. 98-105 []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Ludovic Trommenschlager (20 janvier 2025). Le projet quadriennal Archinumis (Archives et histoires des collections numismatiques) 2024-2027. L’Antiquité à la BnF. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/133yz


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